En Cisjordanie, à 20 km au sud du Bethlehem, une famille de bédouins bergers vit dans le désert depuis des générations. Un jour, deux représentants de l’armée israélienne viennent leur annoncer une mauvaise nouvelle : Cette terre est une zone militaire, la ferme risque d’être démolie.
NOTE D’INTENTION
L’idée du film m’est venu lors d’un voyage dans le désert de Cisjordanie à 20 km de Bethlehem, où j’étais accompagné par Farhan, un membre de la tribu Al Rashaideh. Quand il a su que j’étais là pour comprendre leur situation de près, il m’a donné un rapport rédigé par l’ONG israélienne Kerem Navot, qui démontre comment l’état d’Israël ferme de zones en Cisjordanie à des fins déclarées d’entraînement militaire alors que dans 80 % des secteurs, il n’y a pas d’entraînement militaire. Le but de ses fermetures mène à la conclusion que l’objectif principal de ce régime, est de réduire drastiquement la capacité de la population palestinienne à utiliser les terres et à en transférer le plus possible, aux colons israéliens.
Les terres où vivent les bédouins en Cisjordanie sont essentiellement situées dans ce qu’Israël appelle « Zone C » concerné par ce rapport, qui constitue environ 62% de la Cisjordanie, un secteur contrôlé par lui et qui a pour projet de l’annexer. Il arrive souvent que l’armée démolisse des habitations érigées, d’après elles, sans autorisation, et donc « illégales » mais elle ne fait rien contre la présence des colons.
Par ailleurs, les médias israéliens diffusent en permanence des informations qui déshumanisent les bédouins, les présentant comme des gens sauvages, non civilisés et dangereux, nomades et donc sans aucun droit à la terre. Le citoyen moyen ne connait guerre l’histoire de ce peuple de tradition forte qui existe et survit dans le désert depuis la nuit des temps.
J’ai envie et c’est l’intention du film, de suivre le quotidien des bédouins, pour donner visibilité à leur humain, à leurs histoire et appartenance à la terre, les filmer avec recul dans un paysage désertique vaste d’une beauté sublime, qui semble loin du conflit israélo palestinien alors qu’en réalité il ne l’est pas.
Dans le contexte où les images défilent vite, donner visibilité à cette population à travers un film sensible qui prend le temps, me semble important et essential pour connaître l’Autre, se projeter et construire l’avenir avec lui. Je ne souhaite donc pas faire un film d’actualité mais plutôt d’anti actualité, au rythme très lent du désert pour créer une ambiance de proximité avec cette famille, comme si c’était la notre, malgré nos différences.